Quatrième de couverture :
Chantiers de construction, prostitution, tortures…
L’Angleterre n’est pas l’Eldorado tant attendu par les immigrés.
A Peterborough, où l’extrême droite prospère, nombreux sont ceux qui souhaiteraient se débarrasser de ces nouveaux venus.
L’un d’eux, Jaan Stepulov, est retrouvé calciné dans un abri de jardin.
Accident dramatique ?
Meurtre ?
Chargés de l’affaire, l’inspecteur Zigic et le sergent Ferreira plongent au plus profond d’une économie souterraine sordide, basée sur le trafic d’êtres humains.
Là où l’humanité revêt un visage monstrueux.
Ce que j'en ai pensé :
Un roman noir, polar social, présentant un aspect peu reluisant de l’Angleterre actuelle : l’immigration et, plus particulièrement, l’accueil réservé aux immigrés, à qui incombent les tâches les plus ingrates, celles dont aucun Anglais ne veut, dans des conditions de travail épouvantables, sans parler de leurs conditions de vie…
Tous les cas de figure sont évoqués : celui des immigrés de troisième génération comme Zigic, chef du service des crimes de haine, bien intégré, se sentant pleinement anglais et qui pourtant subissent encore la méfiance de la « population locale », celui des immigrés qui ont réussi à s’en sortir, en ne ménageant pas leurs efforts, comme les parents du sergent Ferreira, tête brûlée ne supportant pas l’injustice et le racisme « ordinaire » ou bien encore comme la femme de Jaan Stepulov, victime de l’incendie de son abri de fortune, dans le jardin des Barlow.
Mais aussi celui de ces immigrés qui s’engraissent sur le dos de leurs pairs, en les exploitant ou bien encore celui de tous ces malheureux, nombreux, qui pensaient trouver fortune et qui déchantent vite en découvrant la réalité : la Terre promise n’a rien d’idyllique, ne veut pas d’eux et leur réserve un sort encore pire que celui qui était le leur dans leur pays d’origine.
L’auteure donne un nom, un visage à tous, elle leur donne chair, les rend tangibles, nous fait partager leurs émotions, leurs peurs, leurs souffrances leurs doutes mais aussi leurs (minces) espoirs, comme ceux de Pablo, personnage auquel il est impossible de ne pas s’attacher.
On retient son souffle plus d’une fois, on espère que les ordures pour lesquels il « travaille » vont se faire arrêter (voire pire!) avant qu’il ne soit trop tard, on croise les doigts pour qu’il tienne le coup, jusqu’à l’arrivée de l’inspecteur Zigic et on grince des dents devant ce qui lui arrive, de même pour Emilia ou même Jaan.
Les suspects ne manquent pas mais les témoins se font rares, par crainte de représailles ou parce qu’ils sont déjà repartis chez eux… ou morts, quelque part, dans la misère et l’indifférence générale.
L’intrigue est parfaitement maîtrisée, avance lentement mais très sûrement et bouscule le lecteur dans ses certitudes, lui fait prendre conscience d’une réalité crasse, qui a cours en Angleterre, certes mais est tout à fait transposable chez nous, en France !
J’ai beaucoup aimé l’inspecteur Zigic, très humain, compatissant et attentif, c’est un homme posé, un mari et un père aimant, tout le contraire du sergent Ferreira, qui m’a souvent agacée.
Butée, elle ne voit que ce qu’elle a envie de voir. Même si l’on comprend sa rage, elle se laisse souvent débordée et surtout aveuglée par elle.
J’ai eu plus de mal à m’attacher à elle.
C’est donc un roman policier qu’on lit sous tension, un roman puissant et douloureux, où nous est dressé un tableau très complet, sombre et révoltant de cette économie souterraine dont profitent des gangsters, tous les Andrus Tombac du pays et les Maloney, les agences de travail, les passeurs et même les Anglais lambda, qui préfèrent fermer les yeux ou appellent à la haine des étrangers, venant grossir les rangs de l’ENL (English Nationalist League) et ce, à travers l’enquête menée par Zigic et son équipe dans ces eaux troubles et poisseuses.
Une enquête qui nous oblige à ouvrir les yeux sur le triste sort de tous ces anonymes, abusés par leurs rêves d’une vie meilleure et par ces bonimenteurs qui leur promettent la Lune, abusent d’eux en les traitant comme des esclaves et s’en débarrassent quand ils n’en ont plus l’utilité ou quand ils se rebellent contre un système gangrené mais qui a encore cours aujourd’hui dans nos sociétés dites développées...
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